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La sphère politique

Dimanche 19 février 2012 à 17:11

 
"La dame de fer":  une réalité d'enfer dans des plans insipides

     Quand j’ai entendu parler d’un projet de film sur Thatcher incarnée par Meryl Streep, mon enthousiasme n’égalait que ma curiosité à découvrir ce que donnerait ce mélange détonnant. L’icône du féminisme de gauche et le dragon du néo-libéralisme, la contradiction n’était pas des moindres !


Mais ce qui était voué à faire l’intérêt et la complexité du film tombe à l’eau tant le scénario s’échine à gommer méticuleusement tout aspect du personnage pouvant prêter à controverse (c’est à dire à peu près tout !).

Il faut quand même souligner l’extraordinaire détermination du réalisateur qui réussi ce tour de force de transformer « La dame de fer » en une figure fade et sans intérêt. L’astuce ? La montrer en vieille femme sénile et détruite par la perte de son fidèle époux, trublion attachant qu’elle a martyrisé toute sa vie et dont elle redécouvre, une fois mort, les charmes irrésistibles.


On assiste donc à une enfilade d’ennuyeuses scènes de sénilité dont l’accablante  et pesante répétition est destinée à vider de tout caractère sulfureux les quelques images d’archives qui révèlent par bribes décousues la réalité du personnage. Ce qui devrait constituer l’essentiel du film est donc réduit au statut de séquences-clip. Cette réalité historique frappante, celle de CRS tabassant les syndicalistes, des sous-marins nucléaires aux Malouines ou encore des prisonniers de l’IRA mourrant de faim dans leurs cellules, semble n’avoir pas sa place dans la vie si rangée de Melle ROBERTS, fille d’épicier respectable dont l’ascension en politique apparaît sans heurts autres que son combat de femme dans un monde d’homme. Thatcher féministe !? C’en est trop ! Du film mielleux et insignifiant, on passe au plaidoyer par défaut de celle qui incarne aujourd’hui une droite dure quasi unanimement critiquée. Le risque n’était donc pas grand de montrer le vrai visage de cette femme ambitieuse et sans pitié, et le refus de le faire apparaît d’autant plus comme un acte de lâcheté inexcusable.

Et Meryl Streep dans tout ça ? On a d’abord envie de la sauver de ce naufrage, de l’isoler de ce produit fini insipide en saluant son interprétation incroyablement physique et impliquée, comme à son habitude, mais le peut-on ? En acceptant de mettre son image de femme engagée de gauche au service de ce film coupablement centriste, elle participe malgré elle à cette entreprise de réhabilitation.


Une grosse déception donc face à ce qui aurait pu être un grand film et qui se transforme en un défilé d’images insipides qui semblent s’excuser d’exister. 

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