OSLO 31 Août



 Une série d’images encadrent ces 2 heures, comme pour ne rien laisser échapper de l’intensité dramatique qui les composent. Un lac, une chambre, un café, une piscine, un banc dans un jardin public, autant de lieux qui campent le décor austère de ce film pourtant si fort.

Oslo 31 août, est un film en forme de tragédie antique. Unité de temps : 24h de permission d’un toxico en fin de cure, Unité de lieu : Oslo, cité brumeuse et fantomatique comme savent l’être les villes du Nord, unité d’action où l’impossible défi de « tout recommencer », de ne pas céder aux sirènes de la rechute alors que plus rien ne l’empêche.

On suit donc ce parcours, étape après étape au coté de cet anti-héros, et la tragédie se transforme en un drame réaliste. On côtoie non pas la destinée particulière d’un individu à part, mais la banale médiocrité de ceux qui peuplent le quotidien. Que valent-ils de plus ? Pourquoi se battre pour en arriver là ? C’est la désespérante interrogation qui taraude le toxico comme le spectateur, tous d’eux unis dans la recherche vaine d’une lueur d’espoir. Les second rôles s’enchainent, redoublant de justesse et amenuisant petit à petit toute possibilité de bonheur : l’ami qui enfonce pour mieux oublier son propre ennui, la petite amie imaginaire, qui reste à jamais une voix enregistrée sur un répondeur lointain, les amis trentenaires qui voient leurs vies déjà finis, les autres qui se soulent pour mieux oublier qu’ils arrivent à un cap de leur vie, une sœur enfin qui fuit.

On sort (es)soufflés de ce flot d’images brutes, primitives presque, portées magistralement par un jeune acteur d’une sobriété détonnante. Quelle que soit l’issue de ce destin tragique, c’est l’énergie qu’on met à espérer qui fait toute la force ici, et aussi au fond le moteur de la vie