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La sphère politique

Vendredi 10 février 2012 à 18:48

 L'ordre et la morale ou le chao colonialiste


Une silhouette agenouillée, un drapeau en berne, un ciel chaotique, l’affiche du dernier opus de Kassowitz, « L’ordre et la morale » n’a rien d’alléchant. C’est donc un peu à reculons, prête à subir 2h de fusillades désordonnées, de testostérone à outrance et de soldats beuglant à l’assaut. Mais l’amour du cinéma étant sans limite, il ne s’arrête pas à ce genre de considération et pour  le bonheur de  m’enfoncer dans les sièges rouges et de voir la lumière lentement s’éteindre, c’est décidée que j’ai décidé seule et non contrainte d’aller voir un film de guerre ! Force est pourtant de constater que ce n’est pas aujourd’hui que j’accomplirai l’exploit !

C’est en effet un film éminemment politique que nous propose ici Mathieu Kassowitz. S’emparant d’un sujet oublié et lointain, la prise d’otage de gendarmes par des indépendantistes kanaks en Nouvelle-Calédonie en 1988, il livre une analyse fine et documentée des faits en ne renonçant pas pour autant  à la qualité cinématographique.

Embarqués au coté du chef des GIGN envoyé comme médiateur, on assiste au décryptage méticuleux d’un carnage annoncé. L’attaque est rude contre la politique française qui pour satisfaire de basses rivalités électorales (on est alors à quelques semaines des élections de Mai 1988 et donc en pleine cohabitation) est prête à sacrifier des vies. Le film, construit en forme de compte à rebours jusqu’au drame nous plonge ainsi au cœur des arcanes du système politico-militaire, vaste nébuleuse bureaucratique et rigide qui peine à s’adapter à une situation inédit et mouvante, où les cas d’école ne sont pas applicables. Kassowitz soulève habilement la question de la possibilité de régler les crises par la négociation dans un système voué et bâti pour organiser la violence d’Etat. La scène finale, celle de l‘assaut est remarquable en ce sens puisqu’elle nous fait vivre en direct les réalités de la guerre moderne où malgré la technologie et l’apparence de professionnalisme, les soldats sont confrontés à l’horreur de la mort, au chao de la jungle et à l’absurdité de leur rôle. En une image, celle de GIGN paniqués devant le cadavre ensanglanté d’un kanak, Kassowitz fait surgir cette réalité dérangeante.

A l’heure des « guerres de civilisation » et des guerres lointaines érigées en croisades nationales, il est utile de se demander de quel coté sont vraiment l’ « Ordre et la morale ».

Par Peaceful le Mardi 27 mars 2012 à 18:25
C'est assez intéressant de voir que les anciens opérationnels du GIGN et une majorité de passionnés dénigrent P.Legorjus depuis Ouvéa jusqu'à ce jour dans le sens où il existe deux versions, la version officielle des politiques et des autorités militaires, appuyées par des témoignages d'hommes du GIGN qui ont participé aux deux assauts de la grotte et la version de P.Legorjus, seul contre tous. Il y a des certitudes sur certains faits dénoncés à travers le film mais, et là on retrouve bien Kassovitz (^^), il y a aussi certaines choses peut être trop tournées à la sauce du réalisateur. Ce que je reproche à Kassovitz c'est peut être de trop humaniser les preneurs d'otages en revanche ce qui est bien représenté selon moi c'est l'instrumentalisation des militaires à des fins purement électorales et un peu sombres finalement.
Bon article.
 

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