Et si la crise était une chance ?


« Fédéralisme », le gros mot a été lâchée.

La crise de l’Euro a en effet paradoxalement remis la question du politique au centre du débat en révélant les insuffisances d’une Europe qui s’est jusque là définie comme union économique. Quand l’Union prospère pouvait se passer d’une gouvernance politique forte, soudée par l’euphorie du dynamisme économique, le vieux continent en crise prend conscience de la fragilité de ses fondements. Ainsi, l’alternative qui se pose est aujourd’hui la suivante : d’un côté céder aux exigences des marchés financiers, de l’autre s’accrocher tous ensemble au mât pour résister au chant des sirènes, quitte à perdre une part de notre liberté.

            Jusque là, la première solution semble l’avoir emporté au vue des pays membres redoublant d’effort pour séduire la belle, à coup de plan d’austérités et de désolidarisation face à des pays du Sud de l’Europe qui voient leurs dettes souveraines dévaluées et leurs taux d’intérêts s’envoler. Les offrandes aux agences de notations et aux marchés financiers se sont accumulées, avec pour paroxysme la cérémonie sacrificielle qu’a été la négociation du 26 Octobre où le couple Franco-Allemand s’est prosterné devant les volontés de la BCE et des créanciers de la Grèce. La mise aux bûchers des  responsables politiques touchés par la « mania » du déficit et leur remplacement par des économistes fidèles à la loi des marchées a achevé le processus.

            Mais la séparation entre bons eu mauvais élèves se révèle plus compliquée. Alors que la France qui se voulait le chantre de la rigueur budgétaire comme remède à la crise voit sa note menacée d’être dévaluée par le gourou Moody’s, la question d’une gouvernance financière et économique commune refait surface : paradoxe délicieux de marchés financiers déclenchant malgré eux un de l’Europe vers le fédéralisme.

            En faisant ce choix, l’Europe se doterait d’une base solide, empêchant le scénario actuel de se répéter : celui de marins quittant le navire dès que la tempête arrive, attirés par l’illusion d’être assez solides pour affronter seuls l’odyssée de la concurrence globalisée.